Le Monde's Daniel Psenny presents a report, which shows how much the French television was into censorship. In journalist lingo, the reports that displeased the authorities prior to being broadcast were sent to "hell", hell being the part of the TV headquarters building where undesirable news reports, cultural programs, and others ended up.
L'"enfer" … Pour comprendre dans quelles conditions ces films ont été précipités en enfer, il faut remonter dans le passé. Plus précisément à la présidence du général de Gaulle, au début des années 1960. Souhaitant contrôler les journaux d'informations à la radio et à la télévision - "les voix de la France" -, le président de la République avait mis en place un système de censure que les journalistes avaient bien du mal à contourner. A la tête de ce système, on trouvait Alain Peyrefitte, ministre de l'information depuis 1962, chargé des basses oeuvres audiovisuelles. Chaque matin, il réunissait dans son bureau les responsables de la radio et de la télévision, à qui il dictait le conducteur quotidien de leurs différents journaux. Ensuite, il les faisait surveiller par quelques fonctionnaires du service de liaison interministériel pour l'information (SLII), organisme interne de son ministère chargé, jusqu'en 1969, de contrôler la "bonne conduite" de la radio et de la télévision. Rien n'échappait à ces hommes de l'ombre dont le zèle frôlait souvent l'abus de pouvoir. Ainsi, lorsqu'un reportage traitait d'un sujet politiquement sensible ou que des images ou des commentaires ne plaisaient pas, il était immédiatement envoyé en "enfer".
… De leur côté, les moindres gestes du général de Gaulle et de son gouvernement sont surveillés. Un fonctionnaire du SLII a par exemple envoyé en "enfer" quelques images du chef de l'Etat qui, lors d'une visite officielle en Italie, se mouche en se promenant sur la place Saint-Marc, à Venise ! Enfin, les opposants au Général sont systématiquement censurés : ce sera le cas, notamment, du fameux appel des généraux "félons" d'Alger.
… Les événements de Mai 68 ont mis fin aux activités du SLII, qui n'a pas survécu aux grèves générales des personnels de télévision ni aux attaques de l'opposition, représentée alors par François Mitterrand. Cependant, tous les gouvernements qui se sont succédé au pouvoir - y compris ceux de gauche - ont créé des organes de substitution. En 1976, Valéry Giscard d'Estaing a créé le Service d'information et de diffusion (SID), dont le rôle était la coordination et la diffusion de la communication gouvernementale. En 1996, sous Jacques Chirac, le SID est devenu le Service d'information du gouvernement (SIG), qui est toujours en activité et dont les missions, qui ont évolué depuis, sont de valoriser l'action du gouvernement et de coordonner sa communication auprès des médias.
Aujourd'hui, le jeu est plus subtil et rien n'est imposé aux journalistes. Désormais, au lieu de supprimer ou de censurer des reportages, ce sont les partis politiques eux-mêmes qui produisent et fournissent gratuitement des images aux chaînes de télévision... Un autre enfer.