Wednesday, March 14, 2012

France is a country of citizens proud of having slapped and grateful for having been slapped

After a French mayor slapped a teen-ager (who was climbing over a fence and who called him words that would make Rush Limbaugh — and possibly even Bill Maher — blush), he was taken to trial. A year and a half after the events, the judge made his decision: Maurice Boisart was handed a (suspended) fine of 1000 Euros. Since then, the mayor of Cousolre, 63, has been inundated with messages of support, leading Pascale Robert-Diard to declare in Le Monde that "France is a country of citizens grateful for having been slapped and proud of having slapped."
Depuis qu'il a été condamné, le 17 février, à 1 000 euros d'amende avec sursis pour avoir giflé un adolescent de son village qui escaladait un grillage, Maurice Boisart, 63 ans, maire de Cousolre (Nord), a reçu plus de mille cinq cents messages de soutien. Et ce n'est pas fini. Chaque jour, une épaisse chemise remplie de nouveaux courriers est déposée sur son bureau. On écrit de toute la France, grandes villes, banlieues, sous-préfectures ou villages, mais aussi de la Belgique toute proche, de Suisse, des Etats-Unis ou de Bangkok. Par courriel, bien sûr, mais surtout par lettres. On jette sa colère au stylo-bille sur une simple page de bloc-notes à petits carreaux, ou à la plume sur un épais vélin.

… Cette gifle qui a échappé au maire de Cousolre un jour d'août 2010, c'est la leur. Comme celles qu'ils ont données, celles qu'ils ont reçues, celles qui, pour eux, se sont trop perdues. De ce roman épistolaire national, c'est peut-être cela que l'on retient d'abord : la France est un pays de giflés reconnaissants et de gifleurs assumés. "J'ai 78 ans, un casier judiciaire vierge, et je le dois en partie à la sanction immédiate qui suivait mes nombreuses incartades.""Je suis chauffeur routier et je remercie mon instituteur de m'avoir baffé. D'ailleurs, je lui téléphone de temps en temps.""Je me souviens de la gifle magistrale reçue de mon instit quand j'avais 12 ans parce que je chantais trop fort dans les escaliers, la punition avait été mentionnée dans mon cahier du jour, mon père la tripla.""Un grand merci pour ce geste trop rare. J'ai 57 ans, j'en ai fait des bêtises quand j'étais jeune, mais je me serais biengardé d'en parler à mes parents, j'en prenais au moins une deuxième."

"Où va notre justice ?", s'interrogent-ils, qui "laisse s'envoler les incivilités", "contribue à renforcer un certain sentiment d'impunité et à réduire encore l'autorité", "préfère soutenir les malfrats", "inique et honteuse". Et que font ces juges, "des nantis soixante-huitards trop bien payés", qui "vivent dans un monde où ils sont à l'abri des tracas quotidiens" ?

De ce sondage grandeur nature émerge une France nostalgique d'une époque où l'on respectait "Monsieur le maire", mais aussi "l'instit" ou "le professeur".

Une autre a simplement joint à ses quelques mots de soutien un dessin humoristique : 1969, une institutrice droite et sévère, en chignon, regarde deux parents furieux lancer à leur fils honteux : "C'est quoi ces notes ?" 2009 : devant un gamin hilare, les mêmes parents furieux s'en prennent à l'enseignante tremblante de peur : "C'est quoi ces notes ??"

… Au règne de "l'enfant-roi", une mère oppose cet adage entendu de la bouche de son père : "Il disait toujours : "Si tu ne veux pas que ton enfant te fasse pleurer quand il aura 15 ans, fais-le pleurer quand il en a 3."" On convoque Platon - en au moins six exemplaires - "Lorsque les pères s'habituent à laisser faire les enfants. Lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles. Lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter (...) alors c'est le début de la tyrannie", pour mieux soutenir "le geste de père de famille" de Maurice Boisart. On s'en prend au "galopin", "voyou", "sauvageon", "petit con", "petit morveux", "vaurien", "jeune crétin", "racaille" ou "garnement" qui lui faisait face. "N'ayez pas honte", "vous vous êtes comporté en citoyen", "vous devriez avoir la Légion d'honneur, plutôt qu'une amende", "ne soyez pas triste, c'est le monde qui ne tourne pas rond, pas vous".

… Avec le monde enseignant, les maires sont nombreux à s'être manifestés. "Nous nous sentons abandonnés par la République qui est censée nous protéger d'individus qui connaissent leurs droits mais ignorent leurs devoirs." Ils dénoncent un jugement "qui traduit une méconnaissance des réalités du terrain" et "rend un mauvais service au civisme et, au final, à la démocratie".

… Et les mots griffonnés par ce père : "Je viens de perdre mon fils de 15 ans qui jouait dans un chantier près de la maison, après avoir enjambé un grillage. Pourquoi aucun adulte n'était-il là ce jour-là, pour le gifler et l'empêcher de grimper ?"

Merci à Maxime Lépante pour la vidéo…

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