Peu rigoureux quant aux origines de celui qu'ils présentèrent comme le "Mussolini allemand", et dont ils dénoncèrent la présence à la tête de groupes paramilitaires d'un "genre fasciste", les agents chargés de rédiger sa fiche [en 1924] ne se sont pas privés d'ajouter aux données factuelles quelques jugements de valeur. On apprend, par exemple, qu'Hitler "n'est pas un imbécile mais (...) un très adroit démagogue". Ce qui ne veut pas dire, pour autant, que sa capacité de nuisance fût jugée alarmante. Evoquant sa "tentative de coup d'Etat le 8 novembre 1923 contre le gouvernement bavarois", le fonctionnaire français rappelle ainsi que celle-ci a "échoué lamentablement". D'ailleurs, le dirigeant du parti nazi ne serait, selon lui, que "l'instrument de puissances supérieures" : un jugement que l'on sait aujourd'hui erroné mais qui correspond à la vulgate de l'époque, laquelle faisait volontiers de Hitler la marionnette du général Ludendorff, l'ancien numéro 2 des armées allemandes pendant la première guerre mondiale, et dont le futur chancelier s'éloigna après le putsch manqué de 1923.
…l'archiviste [des Archives nationales (www.archivesnationales.culture.gouv.fr)] est formelle : "On fichait tout le monde !" [français ou autre]…De Hitler à Goering, "recherché par les autorités allemandes pour complicité de haute trahison", en passant par Goebbels, désigné comme "membre influent du NSDAP", ou Himmler, simplement qualifié de "raciste", la plupart des futurs potentats du IIIe Reich eurent droit à leurs dossiers. Une plongée dans ces chemises jaunies donne un aperçu de ce qui préoccupait les autorités d'occupation. … On y apprend … au détour d'une lettre destinée à "Son Excellence Edouard Herriot, président du conseil et ministre des affaires étrangères", comment la France essaya d'infiltrer le mouvement nazi. En juillet 1924, le haut-commissaire Paul Tirard détaille ainsi les "intéressantes découvertes" faites par ses services au sujet d'une "école d'entraînement militaire" située à Darmstadt. On peut y lire notamment que "l'un des élèves qui a été identifié de façon précise par la Sûreté a déclaré qu'il existait à l'école de l'organisation d'Hitler (...) un important stock d'uniformes, de revolvers neufs et quelques fusils", et que "chaque élève posséderait deux ou trois matraques en caoutchouc".
…les partisans de Hitler furent loin d'être les seuls à inquiéter les autorités françaises. A droite comme à gauche, il semble en fait qu'aucun mouvement politique n'ait échappé à la vigilance des fonctionnaires français.
Friday, November 20, 2009
French Secret Service in 1924: NSDAP Leader "Adolphe Hitler" Is a "German Mussolini" at the Head of "Fascist-Type" Paramilitary Groups
During the 1920s, it turns out, a certain "Adolphe Jacob Hitler" was under surveillance by France's secret service, writes Thomas Wieder in Le Monde, as were several up-and-coming Nazi leaders as well as Germans from all parts of the political spectrum such as Konrad Adenauer. A visit to the national archives also brings to light the fact that French agents attempted to infiltrate the Nazi movement in Germany.
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