Last year, the man born Raymond Samuel on July 31, 1914, was interviewed by Philippe Dagen and Thomas Wieder. Among other things, this "friend" of Ho Chi Minh had the following to say about Marxism and the Vietnam War:
Vous aviez 20ans quand Hitler est arrivé au pouvoir. C'était une période très sombre, celle de la Grande dépression consécutive au krach de 1929. Aviez-vous alors le sentiment d'appartenir à une génération sans espoir ?C'était très différent. Nous étions inquiets, bien sûr, mais nous avions le sentiment de comprendre à peu près la façon dont fonctionnait lemonde. Pour ma part, j'ai été très influencé par le marxisme. Cela m'a beaucoup aidé, car le marxisme nous expliquait à la fois la société présente et le sens de l'histoire. Aujourd'hui, les choses sont infiniment plus compliquées et angoissantes, car aucun système ne permet plus de déchiffrer le présent et d'imaginer l'avenir.
Le marxisme vous aide-t-il encore à penser le monde ?
Le marxisme en général, non. Mais certains points du marxisme, oui. Je pense au partage de la plus-value résultant de la production des biens et des services. La question de la répartition des profits entre les salaires des travailleurs, les investissements des entreprises et les dividendes des actionnaires n'a rien perdu de son actualité et, sur ce point, les analyses marxistes me semblent toujours pertinentes.
Puisque vous me parlez des théories qui peuvent nous aider à penser le monde, laissez-moi aussi vous dire un mot de Joseph Schumpeter. J'ai eu la chance, quand j'étais étudiant à Harvard, à la fin des années 1930, de suivre son séminaire. L'une des idées de ce grand économiste était que les changements technologiques majeurs n'influent pas seulement sur l'économie, mais qu'ils ont aussi un effet sur la civilisation. Il nous parlait bien sûr de la machine à vapeur et de l'électricité. Aujourd'hui, nous vivons la même chose avec l'informatisation et Internet. Je ne sais pas s'il y a assez de gens pour réfléchir aux conséquences de ces phénomènes sur le devenir de notre civilisation.… En 1996, vous avez publié vos souvenirs sous le titre Où la mémoire s'attarde (éd. Odile Jacob). Aujourd'hui, Pascal Convert vous consacre une biographie. Qu'avez-vous ressenti à sa lecture ?
J'ai appris beaucoup de choses en lisant ce livre. Je vous donnerai un exemple, sur un épisode qui se situe pendant la guerre du Vietnam. En 1967, j'ai servi de porteur de messages entre les Américains et les Nord-Vietnamiens. Je ne savais pas, à l'époque, que Lyndon Johnson, le président des Etats-Unis, avait créé un petit comité chargé d'étudier le résultat de cette mission. Grâce à ses recherches dans les archives américaines, Pascal a reconstitué cette partie de l'histoire. Il donne des informations qui complètent ce que l'on sait du rôle joué à l'époque par le secrétaire à la défense, Robert McNamara, en faveur de l'ouverture de négociations avec les Nord-Vietnamiens. C'était ce qu'on appelait la filière "Pennsylvania".
Des années plus tard, McNamara m'a offert son livre sur la guerre du Vietnam avec la dédicace: "Si nous avions été suivis, des millions d'hommes auraient été sauvés…"
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