"Je m'appelle Rodoljub Marjanovic, j'ai 23 ans, je suis footballeur professionnel en Serbie. Il y a deux ans, j'ai signé un contrat avec le FK Hadjuk Kula. Pendant six mois je n'ai pas été payé, puis on m'a forcé à mettre un terme à mon contrat auprès de la fédération serbe. J'ai voulu me défendre, mais le directeur financier du club m'a dit que je serais tué si je ne retirais pas ma plainte. Je me suis senti très mal, car le directeur financier, Nikola Dzomba, est célèbre en Serbie pour être quelqu'un prêt à tout. (...) J'étais dans un tel état psychique que j'ai dit aux médias que j'allais m'immoler par le feu devant le siège de la fédération serbe."
When Europeans aren't deploring the Yanks' lack of refinement
or when they are trying to point out, say, how the European version of football is
far more civilized and
far more beautiful than American football, it turns out that Europe's football players, at least those in the Eastern part, are subject to intimidation, violence, and racism, not to mention the deliberate withholding of their pay and the corruption brought about by criminal gang activity.
Cet extrait choisi parmi de nombreux témoignages contenus dans le "Livre noir" réalisé par la FIFPro (le syndicat international des joueurs professionnels) donne une vision alarmante de la situation du football professionnel en Europe de l'Est. Ce rapport de 177 pages, que révèle Le Monde et qui sera rendu public mardi 7 février, démontre - à rebours des clichés qui nimbent celui nanti d'Europe de l'Ouest - qu'à l'est du continent le footballeur est un travailleur dont les droits ne sont pas toujours respectés, que les mauvais traitements sont légion, le racisme omniprésent et les pressions de corruption exercées par des organisations criminelles endémiques.
… 41,4 % des joueurs, toutes nationalités confondues, qui ont répondu à la FIFPro ont indiqué que leurs salaires n'était pas versés à temps. 11,7 % ont affirmé avoir subi des violences, 10,2 %, des brimades physiques ou psychologiques. Le rapport évoque par exemple le cas de Nikola Nikezic, ancien joueur du club russe FC Kuban, molesté et menacé par un revolver en janvier 2011 : "Quelques minutes après que j'ai refusé de signer un document qui mettait fin à mon contrat, deux gars très costauds sont entrés dans la pièce que l'entraîneur s'est empressé de quitter... J'ai fini par signer..." 9,6 % disent avoir été l'objet de discriminations raciales. Roberto Carlos, capitaine brésilien d'un autre club russe de l'élite, FC Anzhi Makhachkala, a été accueilli au stade du Zenith Saint-Pétersbourg par un supporteur qui lui a tendu une banane. 15,6 % ont été obligés de s'entraîner seuls, à l'écart du groupe. Le footballeur russe Igor Strelkov a dû respecter un programme individuel consistant à courir autour du terrain pendant plusieurs jours. La température moyenne était de - 20 °C.
Ces professionnels deviennent, dès lors, plus vulnérables à la corruption mise en place par des organisations de type criminel. 11,9 % des joueurs interrogés ont admis avoir été approchés pour manipuler le résultat d'un match. Pour la FIFPro, il y a "un lien évident entre le non-paiement et les matches arrangés". Un tiers des joueurs approchés pour arranger un match ont subi des violences.
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