While Frenchmen are constantly berating Americans for their racial past and their inherent racism
(it is true, one must admit, that for instance Americans have never elected a black man to the Oval Off— uh, wait a minute…), more trouble looms for France's troubled relations with its former African colonies, as
Philippe Bernard interviews
Achille Mbembe, a history professor and
writer, about the failed integration of Africans into French society and about the perennial French demands for African money to finance ruling political parties.
Les " révélations " de Robert Bourgi sur le financement de responsables politiques français par des chefs d'Etat africains remettent en lumière les relations troubles de la France avec ses ex-colonies. Tenez-vous pour un fait cette " corruption mutuelle " et, dans ce cas, comment en expliquez-vous la persistance cinquante ans après les indépendances ?
Les révélations de M. Bourgi n'en sont point, car ces pratiques étaient connues. Le fait que l'un des acteurs importants de ces marchandages prenne la parole en public maintenant montre que cet anachronisme que l'on a appelé la Françafrique est condamné à terme. Aujourd'hui, l'important est de porter nos regards sur ce qui vient, sur les dynamiques neuves. La France n'est plus le soleil de l'Afrique, car elle se trouve en compétition avec des acteurs nouveaux comme la Chine, le Brésil et l'Inde. Elle n'en est même plus le miroir et je crois que cela est bon. En même temps, un tissu de liens humains s'est constitué au fil des siècles entre la France et l'Afrique. Il faut investir dans ces relations humaines pour faire naître des solidarités neuves qui dépassent les rapports entre Etats. …
Après le " printemps arabe ", un " printemps africain " est-il possible ?
Non, aucun régime africain ne court ce risque. Les conditions qui ont conduit aux événements du printemps n'existent nulle part. Au sud du Sahara, les classes moyennes existent depuis cinquante ans tout au plus et n'ont ni le recul historique des égyptiennes, ni le niveau de professionnalisation des tunisiennes.
Vous avez écrit qu'avec l'immigration, " la France récolte ce qu'elle a semé avec sa politique africaine ". De quelle façon le passé colonial pèse-t-il sur la politique française d'immigration ?
Il faut dédramatiser : la France n'est plus le pôle privilégié de l'immigration africaine en direction de l'Occident. Le nombre d'Africains qui ont pour objectif d'aller en France est très petit et va décroissant. Les discours français sur l'immigration africaine relèvent du fantasme. Ils sont liés à la période particulière que nous vivons, marquée par une rebalkanisation du monde, une redistribution planétaire très inégale des possibilités de mouvement, la construction de murs et la militarisation des frontières. Cela n'est pas typiquement français, mais la France s'exprime en mettant la peur de l'immigré au service d'une politique raciste, en attisant le fantasme d'une France sans étranger, une idée qui est contraire à son histoire.
When asked by
Philippe Bernard whether
Les échecs de la démocratie en Afrique reflètent-ils l'incapacité des Occidentaux à exporter leur " modèle ", ou l'immaturité des Africains ?,
Achille Mbembe adds that
Les Africains ont une vieille culture de la délibération. Le concept de la " palabre " renvoie à une structure sociale où la confrontation des points de vue est une donnée de légitimation du pouvoir. Les cultures africaines tolèrent plus ou moins l'idée de l'inégalité, mais les idées d'exclusion et de non-partage y sont frappées d'anathème. Ces pratiques culturelles, si elles étaient prises en compte, ouvriraient la voie à des schémas institutionnels capables d'" inculturer " la démocratie. La question n'est pas de savoir si les Africains sont mûrs pour la démocratie, mais de s'atteler à ce travail patient et critique d'invention de formes sociales d'échanges qui correspondent à la mémoire et aux pratiques des gens. Or pour le moment, l'affrontement politique en Afrique est un jeu à sommes nulles où le gagnant gagne tout et le perdant perd tout.
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