Les gardiens alternaient entre les combats et la garde du prisonnier. L'otage se souvient les avoir entendus raconter certaines de leurs opérations. "Ils avaient attiré des commandos américains dans un guet-apens en laissant un portable allumé, avec lequel ils avaient communiqué en arabe dans une maison abandonnée, puis avaient miné le lieu ; ils étaient contents, le piège avait semble-t-il fonctionné."
… Le 19 juin, alors que la routine de la vie d'otage s'est installée, Johan Freckhaus saisit une conversation entre deux gardiens : "Il va être échangé", se disent-ils. "Je pensais qu'ils parlaient de mon codétenu irakien, mais c'était pour moi." Il est transféré, en plein jour, sur une moto, les yeux bandés, dans la cour de la maison d'un mollah local, proche des talibans, où il retrouve ses deux ingénieurs. Une liaison téléphonique avec un négociateur français, chargé par la France d'obtenir sa libération, annonce l'issue de l'épreuve, alors que, cachée dans un recoin, la fille du mollah fixe l'otage du regard. En guise d'au revoir, "Elias" lui glisse, "si on te reprend, on te tue, on n'est pas copains", puis lui demande, peu après : "Qu'est-ce que tu penses de moi ?"L'un des deux hélicoptères Caracal de l'armée de l'air française basé à l'aéroport de Kaboul récupère alors les otages. Rapatrié sur l'une des bases des services secrets (DGSE), à Orléans, l'ex-détenu français est interrogé quelques heures après avoir atterri. Dans l'avion du retour, Johan Freckhaus, comprenant la somme de moyens déployés pour sa libération, s'inquiète, en souriant, de la facture qu'il va devoir acquitter. Un membre de la DGSE lui rétorque, sur le même ton : "T'inquiète, tu pourras jamais rembourser."
No comments:
Post a Comment