Pour bâtir en un temps record cet ouvrage destiné à empêcher un débarquement, les Allemands recoururent à des entreprises hexagonales. Qui, faute de travail, ne se firent pas prier.
The European geographic magazine
Geo reminds us that in order to build the Atlantic Wall, the Germans used French builders.
Qui se souvient que 1500 entreprises françaises du BTP contribuèrent à
édifier ces blockhaus du front de mer, parties intégrantes de
l'«Atlantikwall» destiné à défendre le flanc ouest de l'empire nazi
contre les assauts anglo-saxons?
Pour Jérôme Prieur, auteur d'un livre sur le mur de l'Atlantique (aux
éditions Denoël), «ce monument de la collaboration a été la plus grosse
entreprise née en France, au service de l'Allemagne, durant la guerre».
Et le plus gros employeur de ces années noires: jusqu'à 300000 ouvriers
français participèrent à son édification. «On a voulu effacer cette
mémoire, continue Jérôme Prieur. A la Libération, les entreprises ont
fait le ménage dans les archives. Mais les rapports des préfectures
dévoilent l'ampleur du chantier et son incidence sur le territoire. On
dispose aussi des comptes des petites sociétés et artisans qui ont été
employés: plombiers, menuisiers, boulangers, et même blanchisseuses...»
La création du Mur, la plus formidable
entreprise de génie militaire depuis la Muraille de Chine, fut décidée
par Hitler quand échoua son offensive éclair contre l'URSS. Ce que le
Führer craignait plus que tout, l'enlisement du conflit, était en effet
arrivé. Bientôt, ce serait Stalingrad. A partir du printemps 1942, le
Reich, citadelle assiégée, décida donc de s'abriter derrière un
formidable ouvrage défensif. Le «Wall» comprenait, de la hollande aux
Pyrénées, 8000 casemates, une batterie d'artillerie tous les deux
kilomètres, une ligne ininterrompue de chevaux de frise sur chaque
plage, des radars et des postes de commande tous les 20 kilomètres, des
bases pour trente sous-marins U-Boots à Brest, Lorient, Saint-Nazaire,
La Pallice et Le Havre. Cet ensemble de fortifications discontinues
comprenait aussi 700 modèles de blockhaus différents conçus de façon à
ne laisser aucun angle mort.
… Fritz Todt … rêvait d'étendre le réseau autoroutier de la Norvège à
Bagdad et de Bordeaux à Bakou. Mais il mourut en février 1942 dans un
mystérieux accident d'avion. Albert Speer, jeune architecte de 30 ans et
favori d'Hitler, se vit alors confier l'édification du Mur.
L'Organisation Todt, sous sa direction, fit d'abord appel à 200 grandes
firmes allemandes, comme siemens. Mais, très vite, l'occupant découvrit
qu'il était incapable d'effectuer seul, et dans les délais serrés
réclamés par Hitler, les travaux de mise en défense du rivage.