Depuis le début de la crise ukrainienne, un discours structuré de défense systématique des actions de la Russie est très dynamique sur les réseaux sociaux, dans des médias officiels russes publiés en français et leurs relais d’opinion en France. Il relève d’une propagande qui joue habilement sur un aspect commun à plusieurs cultures politiques françaises, l’anti-impérialisme, lui permettant de trouver un écho dans des milieux politiques variés.
In the face of what he calls all the pro-Russian propaganda present in France,
Olivier Schmitt has decided to protest in
Le Monde:
UN ETAT AUTORITAIRE
… le relativisme moral est mal placé. D’un côté, une
démocratie dont les dirigeants sont régulièrement renouvelés, les
soldats sanctionnés lorsqu’ils violent le droit international
humanitaire, qui dispose d’une presse libre et reconnaît les droits des
minorités.
De l’autre, un Etat autoritaire, dont la brutalité des troupes
s’exerce en Tchétchénie, en Géorgie et en Ukraine, où les homosexuels
sont pourchassés et la liberté d’expression un concept oublié. Personne
ne dit que les Etats-Unis sont parfaits, mais créer une équivalence
morale entre les deux pays relève de la cécité ou de la complicité.
Vladimir Poutine veut être entouré d’Etats vassalisés – auxquels il
dénie donc la souveraineté qu’il prétend défendre par ailleurs – et,
obnubilé par son maintien au pouvoir, ne peut pas concevoir qu’une
révolution telle que le soulèvement de Maïdan à Kiev ne soit pas
forcément un complot américain.
L’exploitation habile par la propagande russe de divers aspects de
l’anti-impérialisme commun à plusieurs courants politiques français
fausse ainsi la perception d’une politique russe particulièrement
inquiétante pour la sécurité de l’Europe et de la France.