The French general was mentioned on No Pasarán three years ago when, like his American counterpart Stanley McChrystal, the "professeur de stratégie à Sciences Po et ancien directeur de l'Ecole de guerre" was summoned by the authorities (in his case the French authorities, natch), because he had had the gall to criticize Obama's strategy in Afghanistan.
Nathalie Guibert: What with the French and American armies being ready to hit the Syrian chemical sites in the present days, were you surprised by the decision of the U.S. President to suspend the operation?Related: Oh, America We Have Nothing Against; T'Is Only Bush Whom We Oppose
Vincent Desportes: I was very surprised. The volte-face of President Obama shows a complete disrespect of the United States for France. The day before, President Hollande expressed in Le Monde with great seriousness, he explains why France was assuming its responsibilities. The following day, his great ally puts him in an impasse.
En français :
Les armées françaises et américaines se tenaient prêtes à frapper les sites chimiques syriens ces jours-ci, avez-vous été surpris par la décision prise par le président américain de surseoir à l'opération ?
Vincent Desportes : Je suis très surpris. La volte-face du président Obama témoigne d'un grand mépris des Etats-Unis pour la France. La veille, le président Hollande s'exprime dans Le Monde avec grandeur, il explique pourquoi la France prend ses responsabilités. Le lendemain, son grand allié le place dans une impasse.
L'armée américaine aurait-elle échoué à convaincre ?
Les militaires ne sont pas les premiers va-t-en-guerre. Rappelons que l'armée américaine n'était pas favorable à l'opération en Irak. Elle ne s'est mise au garde-à-vous qu'au dernier moment, en septembre 2002, quand l'opération est devenue inévitable. Elle est, aussi, "fatiguée" de la guerre après une décennie d'opérations et ne veut pas se remettre dans un échec, comme en Irak ou en Afghanistan.
Les grandes puissances ont-elles perdu en crédibilité ?
Si on n'y va pas, c'est évidemment l'Iran qui ne sera plus du tout dissuadé de poursuivre son programme nucléaire.
Qu'on le veuille ou non, les grandes puissances occidentales sont garantes de l'équilibre international. Il est plus gênant pour l'ordre international de ne pas intervenir en Syrie que de le faire sans feu vert du Conseil de sécurité de l'ONU. Or, il existe aujourd'hui une dégradation forte de l'image de l'Occident dans la tête de nos adversaires. Nos démocraties apparaissent comme faibles. Et ce qui compte en stratégie, c'est la compréhension de l'état d'esprit de l'autre. Nos démocraties apparaissent comme à la fin des années trente.
On peut dépenser des milliards pour avoir une belle armée, si l'on est pusillanime, c'est incohérent. Le chef de la plus grande puissance mondiale est apparu pusillanime. Quant à la décision du parlement britannique, elle peut faire jurisprudence. La Grande-Bretagne ne peut plus être considérée comme une puissance militaire crédible puisque la politique politicienne l'emporte sur la raison d'Etat. Cela veut dire aussi qu'elle n'a plus de dissuasion, car celle-ci repose sur la crédibilité de l'emploi de la force conventionnelle. Il est important que François Hollande ne cède pas à ce type de pression interne.