La France ? Il l'aime encore, mais Makam Traoré pense la quitter. Juste un temps, le temps d'oublier qu'il n'est pas un "sale singe", un "sale Nègre". Partir loin de son HLM de Chambéry (Savoie) pour retourner au bled, à Diataya, au Mali. Là-bas, sous le ciel de ses ancêtres, la "misère" adoucira, pense-t-il, sa douleur, celle qui le ronge jusqu'au plus profond de son ADN, celle qui l'empêche de dormir. Depuis cent vingt-huit jours, l'insomnie est devenue sa nouvelle compagne."Dirty Negro, shut yer mouth! Where do you think you are?!"
Depuis qu'un autre joueur lui a "craché" à la figure "sale singe", "sale Nègre", le 25 janvier, lors d'un match de football de 2e division départementale dans l'Ain, Makam Traoré, 32 ans, n'arrive pas à se relever. Ce dimanche-là, le capitaine de l'équipe de Rossillon, qui compte, entre autres, sept Africains et deux Russes, se déplaçait à Lagnieu devant une trentaine de spectateurs."Be careful, we've put five of 'em [bullets?] in your ass, dirty Nigger, you ain't got nothing to say, you dirty ape!"
85e minute, 5 à 0 pour Lagnieu. Makam signale une faute à l'arbitre. Des personnes dans le public lancent : "Sale Nègre, ferme ta gueule ! Tu te crois où ?" Puis le capitaine jure qu'un joueur de Lagnieu, le numéro 13, lui aurait lâché : "Va doucement, on en a mis cinq dans votre cul, sale Nègre, t'as rien à dire, sale singe !"Prior to this, Makam had never been insulted in this fashion before, he'd "only" [sic] been harassed by the police once and undergone incessant controls, and that while forebearing the stares in the streets of Chambéry when he goes for walks with his (white) wife.
…"Et, depuis le procès, Makam ne va pas mieux", soupire sa conjointe, Kristel Favre-Rochey, 28 ans. "C'est dur. C'est la première fois que je le vois comme ça", poursuit-elle. Dans le passé, Makam ne s'était jamais fait insulter de cette manière, juste un harcèlement de la police, des contrôles incessants, des regards dans les rues de Chambéry quand le couple les arpente. "Je ne sais pas m'y prendre. On ne m'a jamais traitée de "sale Blanche"", raconte, démunie, Kristel.He's bought a stuffed gorilla toy and takes it with him when he goes for walks. "I had to show people that I am nothing but an ape." … "An ape and not a Frenchman." France? He still loves it, but he's "disgusted" by it.
Depuis ce dimanche 25 janvier, Makam est détruit. Les huit jours d'arrêt maladie pour "syndrome dépressif" ne l'ont pas apaisé. "Je me sens sale, souffle-t-il, C'est comme si on m'avait violé : j'ai honte. Je n'ai plus envie de sortir avec ma famille." Il l'a fait, il y a quelques semaines. Dans une foire, il s'est acheté un... gorille en peluche et s'est baladé en ville avec. "Ben quoi ?, lance Makam. Il fallait bien montrer aux gens que je ne suis qu'un singe." Il s'arrête. Silence : "Un singe et pas un Français !" La France ? Il l'aime encore, mais il en est "dégoûté". Makam se demande s'il ne va pas renoncer à sa nationalité acquise en 2003 après dix ans de vie dans les Alpes.He tried bringing his toy gorilla inside the courthouse and asked his lawyer if he could change his name to… "Dirty Negro."
…il lui a demandé s'il pouvait changer son nom en... "sale négro". Le footballeur a tenté d'apporter au tribunal sa peluche, son amie l'en a dissuadé. Makam est tout de même venu vêtu d'une chemise et d'un pantalon aux couleurs de l'Afrique.
"Grossir le trait est une réponse à l'agression, explique Patrick Lozès, président du Conseil représentatif des associations noires de France (CRAN). Ce "repli identitaire" est malheureusement une manière de se défendre." Pour Joëlle Bordet, psychosociologue, "il faut prendre en compte la fonction symbolique du terrain de foot, explique-t-elle. C'est une scène sociale où les joueurs doivent partager des valeurs, où toutes les défenses tombent, même là, on se fait rattraper." Pour cette spécialiste des préjugés, "le sport est le révélateur des rapports sociaux dans un pays de plus en plus violent et raciste".
"You can't fight the whites!" shouted his father, enraged by Makam's lawsuit. "You're in their home!"
Makam cherche des soutiens. Il a pu compter sur La Ligue contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) — partie civile au procès — qui l'a pris en charge. Du côté de sa famille aussi, mais pas de son père, enragé par son action en justice. "Tu peux pas combattre les Blancs, ils sont chez eux !", lui a-t-il lancé. "C'est chez nous ici. Faut arrêter de subir !", a-t-il riposté.Makam's African teamplayers are leaving the team. "Every Sunday it's the same thing…"
Ses coéquipiers africains, eux, larguent l'équipe. "Je les comprends, c'est tous les dimanches la même chose, s'attriste Myriam Maraud, la présidente du club de Rossillon. C'est lamentable d'en arriver là."And why, after all that (interestingly, even Mustapha Kessous's sympathetic article seems to vehicle racism as it calls the black player by his first name alone throughout the text — this, however, is not totally uncommon with football players, whatever their color), are the French still lamenting Americans' (alleged) bigotry — while giving lessons in anti-racism to same? The very first comment from Le Monde's readers helps explain it:
Merci au "Monde" d'avoir révélé cette affaire, qu'aucun autre média n'a jamais évoqué.This, of course — "this" being unpalatable news to the usual paeans to France's heroism undergoing (ahem) regulation and censorship (it's very similar to what happens with the American left (see, notably, points # 4 and 5) — which is why the French, and the Europeans generally, feel so close to America's Democrats) — is also why (the real reason why) certain French bloggers bar Americans and their sympathizers from commenting on their (high-falutin') websites on which they self-servingly (claim to) establish "a dialogue [sic] about our different perceptions of one another"…
Two other articles in Le Monde by Mustapha Kessous give further details of the lawsuit, including the accused's comparing his insulting Makam to his own hardships behind bars (Maxence Cavalcante is of Italian origin), that is of being … served spaghetti by the police, and — upon the judge denying any similarity in the two men's treatment — including his "reasoning" being (loudly) supported by shouts from the public. "C'est pareil !", a hurlé le public.
…le prévenu, Maxence Cavalcante, 23 ans, chauffeur livreur - qui l'aurait traité de "sale singe" et de "sale Nègre", lors d'un match de football de 2e division départementale dans l'Ain, le 25 janvier - loin de se laisser démonter par la cour et les médias, s'est rétracté et a dénoncé des aveux "extorqués" par la gendarmerie. "En garde à vue, les gendarmes m'ont dit que j'allais manger des pâtes parce que je suis Italien, ce n'est pas normal", a lancé M. Cavalcante. "Ce n'est pas la même chose que de se faire traiter de sale Nègre", a repris le président du tribunal, François-Xavier Manteau. "C'est pareil !", a hurlé le public.The comments page allows for interesting commentary by Le Monde readers:
…"J'ai craqué quand j'ai entendu que Makam avait l'impression de voir des ennemis quand il croise des Blancs", souffle Kristel Favre-Rochey, la mère, blanche, de ses deux enfants.
finalement pas si étonnant quand on connait les mentalités de la France profondeAnd, as one of them points out:
Waouh! Le déchaînement de la haine racistophobe sur cette affaire a quelque chose de terrifiant. Quand on est instruit et de gauche, il est interdit de mépriser le peuple, ignorant et incorrect. Mais il est permis de hurler sur un de ses membres qui a cru qu'il avait le droit de traiter en égal (et par exemple d'insulter) quelqu'un qu'il est si gratifiant de protéger. La bigoterie, toujours.
No comments:
Post a Comment