"Nous sommes là parce que les Géorgiens sont des incapables, que leur administration s'est effondrée et que la ville était livrée aux pillards. Regardez ceci…" [Le général Vyachislav Borisov] me montre, sur son téléphone portable, des photos d'armes dont il souligne lourdement l'origine israélienne. "Est-ce que vous croyez qu'on pouvait laisser ce bazar sans surveillance? D'ailleurs, je vais vous dire…" Il se rengorge. Allume une cigarette dont l'allumette fait sursauter le petit tankiste blond qui s'était endormi dans sa tourelle. "Nous avons convoqué, à Moscou, le ministre des affaires étrangères israéliennes. Et il lui a été dit que, s'il continuait à fournir les Géorgiens, nous continuerions, nous, de livrer le Hezbollah et le Hamas." Nous continuerions… Quel aveu!
Thus reports
Bernard-Henri Lévy from Georgia. The philosopher recounts his meeting with Georgia's President Mikhail Saakashvili.
De tous les grands résistants que j'aurai rencontrés dans ma vie, de tous les Massoud ou Izetbegovic dont il m'a été donné de prendre la défense, il est le plus évidemment étranger à l'univers de la guerre, à ses rites, ses emblèmes, sa culture — mais il fait face.
"Laissez-moi préciser une chose, m'interrompt-il avec une gravité soudaine. Il ne faut pas laisser dire que c'est nous qui avons commencé cette guerre… Nous sommes début août. Mes ministres sont en vacances. Je suis moi-même, en Italie, en train de faire une cure d'amaigrissement et sur le point de partir pour Pékin. Or voilà que, dans la presse italienne, je lis : Préparatifs de guerre en Géorgie . Vous m'avez bien entendu : je suis là, tranquille, en Italie, et je lis que mon propre pays est en train de préparer une guerre! Sentant que quelque chose ne tourne pas rond, je rentre dare-dare à Tbilissi. Et qu'est-ce que mes services de renseignement m'apprennent?" Il fait la moue du type qui pose une colle et vous laisse une chance de trouver la bonne réponse… "Que ce sont les Russes qui, au moment même où ils abreuvent les agences de presse de ce baratin, sont en train de vider Shrinvali de ses habitants, de masser des troupes, des transports de troupes, des ravitailleurs de fioul en territoire géorgien et de faire passer, enfin, des colonnes de chars par le tunnel Roky, qui sépare les deux Osséties. Alors, supposez que vous êtes responsable d'un pays et que vous apprenez ça – vous faites quoi?" Il se lève, va répondre à deux portables qui sonnent en même temps sur son bureau, revient, étire ses longues jambes… "Au cent cinquantième char positionné face à vos villes, vous êtes obligé d'admettre que la guerre a commencé et, malgré la disproportion des forces, vous n'avez plus le choix…"
President Mikhail Saakashvili gives three basic reasons for which Moscow has attacked Georgia, including the following:
nous sommes le pays où passe le BTC, ce pipe-line qui relie Bakou à Ceyhan via Tbilissi; en sorte que, si nous tombons, si Moscou met à ma place un employé de Gazprom, vous serez, vous, les Européens, dépendants à 100% des Russes pour votre approvisionnement en énergie … Le message est clair. Rice ou pas, les Russes sont ici chez eux. Ils se déplacent, en Géorgie, comme en terrain conquis. Ce n'est pas exactement le coup de Prague. C'est sa version XXIe siècle – lent, par petites touches, à coups d'humiliations, intimidations, parades et paniques…
Bernard-Henri Lévy ends his article thus:
C'est l'Américain Richard Holbrooke, diplomate de fort calibre et proche de Barack Obama, qui, retrouvé, à la fin de la nuit, au bar de notre hôtel commun, aura le dernier mot : "Il flotte, dans cette affaire, un mauvais parfum d'apaisement et de munichisme." Eh oui. Ou bien nous sommes capables de hausser vraiment le ton et de dire, en Géorgie, stop à Poutine. Ou bien l'homme qui est allé, selon ses propres termes, "buter jusque dans les chiottes" les civils de Tchétchénie se sentira le droit de faire de même avec n'importe lequel de ses voisins.
And here comes the sad part: no matter how well
Bernard-Henri Lévy's article is thought out,
most of the reader reactions leave a whiff of exactly what he and Holbrooke deplore:
un mauvais parfum d'apaisement et de munichisme. As a couple of the rare readers not to engage in (direct or indirect) anti-Americanism (the conflict "is helping McCain!") point out:
Honte à tous les lecteurs du "Monde" encore englués dans leurs archéo-réflexes pro-russes (pro-soviétiques ?) et stupidement anti-U.S. Cette "guerre froide" chez les lecteurs du "Monde" est proprement surréaliste : il n'y a même plus aucun prétexte idéologique mais de la seule et pure sordide géostratégie bricolée sur des résidus de clivage Est/Ouest. Fort peu de contre-argumentation sur le fond mais beaucoup de viles attaques "ad hominem"
Les réactions haineuses contre BHL dont je suis loin d'être un admirateur sont sidérantes de parti-pris! Ce qu'il raconte est banal si l'on suit la situation dans la presse internationale et les analyses économiques et géopolitiques. Toute cette haine de munichois haïsseurs d'Amérique, aux yeux de Chimène pour Poutine qui souhaitent dépendre à 100% du gaz et du pétrole russes rappelle la tradition d'aveuglement intellectuel de certains Français à l'égard des dictatures d'Hitler à Mao!
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