Brice Pedroletti has a story in Le Monde called the Repenters of Maoism. We learn that, 40 years after China's Cultural Revolution, former students — one of whom appeared in a famous picture with Chairman Mao (she is in the center of the modern picture, below) — have publicly repented the fact that, "during 90 days" of madness in 1966, they let their Beijing high school director be punched and kicked to death.
Nowhere is it mentioned, of course, that one solution for avoiding such tragedies is the equivalent of America's Second Amendment.
Cela fait dix ans que Liu Jin, Song Binbin, Luo Zhi et plusieurs de leurs camarades du lycée de filles de l’Université normale de Pékin s’efforcent de faire la lumière sur les quatre-vingts jours de 1966 où elles furent les protagonistes d’une tragédie qui allait engloutir la Chine tout entière. Ces sexagénaires, qui ont derrière elles des carrières et des vies de famille bien remplies, se sont engagées sur une voie encore très peu explorée en Chine, et à demi taboue : celle de la repentance pour les atrocités commises par les gardes rouges durant la Révolution culturelle (1966-1976).
Le 12 janvier, elles ont franchi le Rubicon en présentant publiquement leurs excuses à ceux de leurs professeurs de l’époque qui ont survécu, lors d’une réunion du lycée. « La plupart nous ont dit qu’ils attendaient ce geste et qu’on aurait dû le faire il y a longtemps ! », raconte ainsi Liu Jin, 67 ans. Cheveux gris coupés court, jean et pull-over bleu marine, cette éditrice retraitée avait été désignée chef officielle des élèves du lycée dans les premières semaines de la Révolution culturelle, en juin 1966.
MILLIONS DE MORTS
Ce nouveau mouvement lancé par Mao, d’abord encadré par des « groupes de travail » du parti formés de cadres adultes, semblait alors inoffensif. En réalité, Mao, écarté des affaires courantes, allait jouer de son statut de dieu vivant auprès de la jeunesse pour renverser la direction du parti à tous les échelons, dans une bataille insensée qui fera des millions de morts.
Pour comprendre, il faut remonter à une journée bien particulière, celle du 5 août 1966. Ce jour-là, c’est une scène digne d’un film d’horreur qui a lieu dans un lycée pékinois réservé à l’élite rouge. Les « groupes de travail » du parti viennent d’être dissous par Mao, furieux de les voir « éteindre le feu de la révolution ». Dans ce lycée, Liu Jin et son adjointe, Song Binbin, restent les seules représentantes d’une autorité au statut ambigu. Depuis la mi-juin, les professeurs et les cadres dirigeants débusqués comme « ennemis de classe » ont été soumis à des « séances de critiques ». Sur les conseils de Deng Xiaoping, à l’époque vice-premier ministre, à qui elles avaient rendu compte des avancées de la Révolution culturelle dans leur lycée, Liu Jin et Song Binbin ont renvoyé des professeurs aux antécédents « problématiques ». La chef du parti du lycée (l’échelon suprême de direction dans toute administration chinoise), une femme de 50 ans, Bian Zhongyun, elle, reste sous bonne garde car son dossier est accablant.
« SÉANCE DE CRITIQUES »There is only one comment, far fewer than if the article had been on a subject involving that nightmarish society that is America's, such as (horrors!) Abu Ghraib or (imagine!) the lack of gun control. But it is worth reading. JP. Tournebroche writes:
Ses crimes ? Elle n’a pas répondu à la question d’un élève voulant savoir, lors d’un exercice organisé au lycée, s’il fallait décrocher le portrait de Mao en cas de séisme. Puis elle a refusé de « repêcher » la fille du président chinois Liu Shaoqi, recalée de peu à l’examen d’entrée. Enfin, une femme a clamé, en juin 1966, lors d’une « séance de critiques », que son mari, professeur au lycée, la trompait avec Mme Bian (une accusation qui se révéla fausse). La femme réclamait en fait que la chef du lycée lui verse le salaire de son époux dont elle était divorcée, ce que Mme Bian a refusé. Tout cela finit de convaincre que Mme Bian est un « mauvais élément ».
Ce 5 août, les élèves la forcent à crier à tue-tête, en frappant une poubelle en fer comme si c’était un gong : « Je suis une tenante de la voie capitaliste ! Je suis une révisionniste contre-révolutionnaire ! Je mérite d’être battue ! » Ce sont les filles de première année, soucieuses de montrer leur ferveur révolutionnaire, qui ont organisé cette punition. Les coups pleuvent : fusils en bois, barreaux de chaise sur lesquels des clous dépassent. Coups de pied, aussi, car certaines lycéennes en treillis portent des bottes de l’armée.
A trois reprises, Liu Jin et Song Binbin interviennent. « La première fois, raconte Liu Jin, la foule se dispersa. » Mais dès que les jeunes cheftaines remontent dans leur bureau, d’autres recommencent à s’acharner contre Mme Bian. « Je craignais d’être critiquée en empêchant les violences. C’est vrai que c’est pour cela que je n’ai pas fait de mon mieux », a reconnu Song Binbin dans le discours qu’elle a prononcé le 12 janvier. « La vie humaine ne valait pas grand-chose. Mao était un dieu. Ses paroles étaient saintes. Tout le monde était prêt à se sacrifier », déplore Gao Ning, une autre ancienne élève du lycée, déjà à l’université à l’époque.
On attend avec intérêt les réactions des anciens adorateurs de Mao et thuriféraires de la Grande Révolution Culturelle, notamment celles de M. Sollers et de ses anciens camarades de Tel Quel. On se souvient des flamboyants articles dans lesquels ce grand penseur nous instruisait de la différence entre "la pensée Mao Tsé Toung" et "la pensée de Mao Tsé Toung". On se rappelle aussi de quelle façon ces maolâtres furent descendus en flammes par Simon Leys lors d'un "Apostrophes" mémorable....