Marie-Pierre Subtil has an article on André Glucksmann, the French intellectual loathed by French intellectuals (and much of
the French public) for "the battle of his life", the fight against the Kremlin's hegemony, coupled, naturally, with its corollary, i.e., support for Russia's biggest adversary, Uncle Sam, and, more recently, his backing George W Bush in the Iraq War.
Needless to say,
Le Monde's readers join in castigating the man who committed the "absolute crime".
Son ami Pascal Bruckner : "Il a accompli la transgression qui est un crime absolu pour les intellectuels en France, le passage de l'extrême gauche à la droite. Il doit y trouver un certain plaisir." Il ne s'en cache pas : "Ça me satisfait assez de décevoir des gens qui m'avaient collé une étiquette que je n'avais pas choisie." Ce qui le surprend, c'est l'"exécration" dont il a fait l'objet. Le rejet a été plus fort que lorsqu'au milieu des années 1970 il s'était fait le chantre d'Alexandre Soljenitsyne. Plus fort que lorsqu'il avait pris position contre François Mitterrand, coupable d'avoir été le ministre de l'intérieur du gouvernement qui a fait la guerre en Algérie. Plus fort que lorsqu'en 2003 il s'était engagé derrière les Etats-Unis partant en guerre contre Saddam Hussein. "On me faisait endosser de gré ou de force le costume de l'intellectuel de gauche", sourit-il. Un temps, puis : "Je ne me considère pas comme un intellectuel de droite."
Ni gauche ni droite. Tel est son credo depuis qu'il a lu Soljenitsyne, assure son fils. Raphaël Glucksmann a gardé des dîners de son enfance le souvenir de grandes tablées où moudjahidin afghans, féministes algériennes, dissidents soviétiques et opposants sud-américains "s'engueulaient mais avaient un fonds commun, la révolte contre l'ordre établi". Dans la famille Glucksmann, "une sorte de PME militante", dit un proche, il y a la mère, Françoise, dite "Fanfan", qui joue "un rôle moteur" d'après tous les amis, le père, André, pourvoyeur du carnet d'adresses, et Raphaël, 30 ans, héritier des causes du couple, installé à Tbilissi où, salarié d'une fondation estonienne, il conseille le président géorgien Mikheïl Saakachvili.
Dans les années 1990, il y a eu la Bosnie, le Rwanda, le Kosovo, la Tchétchénie, l'Afghanistan. Aujourd'hui, c'est l'Ukraine, et surtout la Géorgie. De sa lutte contre l'hégémonie du Kremlin, Glucksmann dit : "C'est la bataille de ma vie." Pour l'enfant de communistes autrichiens, né à Boulogne-Billancourt en 1937, Vladimir Poutine incarne le mal.
…Ses détracteurs lui reprochent sa vision binaire du monde, ses indignations "de rente", voire "sélectives" : pourquoi les Tchétchènes et pas les Palestiniens ? Réponse en trois temps. Un : pourquoi le monde se mobilise-t-il pour les Palestiniens et pas pour les Tchétchènes ? Deux : sur 1 million de Tchétchènes, 200 000 au moins ont été tués, beaucoup plus, proportionnellement, que de Palestiniens. Trois : "La question laisse entendre qu'il y a un fort et un faible, or, au Proche-Orient, Israël est le faible." Cette position expliquerait-elle son attitude vis-à-vis de Nicolas Sarkozy ? "Son ralliement était en fait motivé par l'espoir d'un abandon de la politique arabe de la France", estime Pascal Boniface, le directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques.
A couple of rare Le Monde readers set the others straight:
• Il faudrait souligner, qu'en général, le conformisme des "intellectuels critiques" français rappelle beaucoup la sainte inquisition de l'église catholique.
• L'unanimité en France depuis 20 ans (en résumé: pro-palestinienne, anti-israélienne, pro-russe, anti-US, anti-GB) est étouffante, elle ne rend pas compte de la complexité du monde. C'est pourquoi une voix discordante telle que celle d'André Glucksmann est rafraîchissante, même si elle est minoritaire. Mais la gauche française, et la France en général, détient le monopole mondial de l'intelligence: du moins est-il bien confortable de le croire. Le reste du monde, lui, reste sceptique.