"Tu regardes la télé ?In another summer series, Le Monde has asked for remembrances from a dozen people, from writers André Aciman (translated by Myriam Dennehy) and Jorge G. Castañeda (whose main regret is not the thousands of dead but "La panique sécuritaire, l'hyperbole militariste et le climat d'hystérie qui s'empareraient inévitablement des Etats-Unis [et qui] auraient des conséquences désastreuses pour le monde entier" — also translated by Myriam Dennehy), to photographer Susan Meiselas, viaTom Roger, whose daughter Jean, 24, was a flight attendant on the first plane to smash into the North Tower.
— Euh, non.
— Tu devrais."
"There is a huge smoke on your left" ("Il y a une immense fumée sur votre gauche"). Je suis alors sorti de ma demi-somnolence, j'ai regardé par le hublot et, effectivement, j'ai vu un gros nuage gris-blanc au-dessus de Manhattan.But mostly, there are Frenchmen: Patrice Jarreau, who had recently become Le Monde's America correspondent; Radio France's Jean-Luc Hees (who says he was brought out of the mourning for 9-11 by the election of Barack Obama); Jean-David Lafitte, who was serving as France's ambassador to the United States; Pierre Moscovici, who was on a plane close to Manhattan; Denis Kessler, an insurer who was in Monte Carlo (Une journaliste me tend un micro en me demandant : "De combien les primes d'assurance automobile et habitation vont-elles augmenter en France, à la suite de ces attentats ?"); the actor François-Xavier Demaison; and of course Jules Naudet, who was filming a documentary on New York's firefighters with his brother Gédéon and whose footage became some of the most vivid documents of the era.Juste après, l'avion s'est cabré, avant d'accélérer comme jamais un avion de ligne ne le fait d'habitude. Puis nous avons atterri à l'aéroport Logan de Boston, d'où nous avons été éjectés dans la précipitation la plus totale. (Pierre Moscovici)
But the most repelling memories come from the writer Charles Dantzig:
As I was leaving my home, shortly before 6 pm [Paris time], I overheard two shopkeepers talking on their doorstep, "Attacks in New York ... tens of thousands of deaths ..."
What was amazing was the immediate insolence of the fanaticism. We saw images of East Jerusalem and Nablus where crowds were shouting for joy. The report was quickly removed, to avoid giving ideas to ticklish Islamists, or to otherwise avoid giving in to their sensitivities, some people having the right to call for the annihilation of others while decrying the persecution if they are asked not to put their elbows on the table. A great stupidity was spoken by the composer Karlheinz Stockhausen when he called the attacks "the greatest work of art ever created." A German should use his brains more before mixing aesthetics with destruction (Stockhausen later denied speaking the words).
La Revue des deux mondes offered a cocktail of reactions. A far-right journalist who fantasizes he is of the left because he opposes the "plutocracy" etc, was crossing the boulevard Saint-Germain: "150,000 Americans less! What excellent news!" At the Revue, rue de Lille, where cocktails had been canceled out of decency, a left-wing sociologist sputtered: "When Hanoi was being bombed, we didn't pause!" In times of crisis, evil speaks faster than good does. The good and the decent are dumbfounded. They have nothing to do but feel sorry. Evil, hitherto sleepy, goes on the attack without a warm-up period. The swiftness of evil as soon as it feels a weakness is incredible.
Interpretative stupidity arrives next. In the aftermath of malicious joy, conspiracy theories and other certainties allows one to believe oneself to be both intelligent and swindled, this second reaction being the delicious fantasy-filled proof of the first one.
Comme je sortais de chez moi, peu avant 18 heures, deux commerçants parlaient sur le pas de leur porte : "Des attentats à New York... des dizaines de milliers de morts..."
…Le stupéfiant a été l'immédiate insolence du fanatisme. On montrait des images de Jérusalem-Est et de Naplouse où des foules hurlaient de joie. Le reportage a vite été supprimé, pour éviter de donner des idées aux islamistes chatouilleux, ou au contraire céder à leur susceptibilité, certains ayant le droit d'appeler à l'anéantissement d'autrui tout en criant à la persécution si on les prie de ne pas mettre les coudes sur la table. Une belle sottise a été dite par le musicien Karlheinz Stockhausen qualifiant les attentats de "plus grande oeuvre d'art jamais réalisée". Un Allemand devrait réfléchir avant de faire de l'esthétisme avec la destruction — Stockhausen a ensuite nié l'avoir dit.La Revue des deux mondes donnait un cocktail de rentrée. Un journaliste d'extrême droite qui se fantasme de gauche parce qu'il est contre la "ploutocratie", etc., passait sur le boulevard Saint-Germain : "150 000 Américains de moins ! Excellent !" A la revue, rue de Lille, où le verre avait été annulé, par décence, un sociologue d'extrême gauche tempêtait : "Quand on bombardait Hanoï, on n'arrêtait rien !" Dans les moments de crise, le mal parle plus vite que le bien. Le bien et le décent sont sidérés. Ils n'ont rien à faire que s'apitoyer. Le mal, jusque-là somnolent, passe à l'attaque sans progression. La prestesse du mal dès qu'il sent une faiblesse est inouïe.
La sottise interprétative arrive en second. Après la joie mauvaise, les théories du complot et autres certitudes permettant de se croire intelligent et floué, ce second est la preuve fantasmatiquement délicieuse du premier.
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