Saturday, July 30, 2011

"Mon coeur est français, mais mon cul est international"

In an article in Le Monde about French actresses and celebrities who took German officers, if not Nazi ones, as lovers during World War II, Frédéric Lemaître praises one of them — Arletty — for anticipating the sexual revolution and — in Klaus Harpprecht's words — as a patriot ("in her own way") for seeing the German occupants "as human beings like all others", all the while tipping his (Lemaître's) hat to the German author for his World War II paean to 1940s France.
Malgré ses 84 ans, Klaus Harpprecht se souvient encore parfaitement de l'effet ressenti en 1947 lors de la projection à Stuttgart du chef-d'oeuvre de Marcel Carné Les Enfants du paradis, tourné pendant l'Occupation. La magnificence des décors ne pouvait que subjuguer les spectateurs qui vivaient au milieu des ruines. Mais surtout, comment résister à Arletty ? "Ses grands yeux sombres, (...) ses épaules soyeuses, son décolleté, le jeu amusé de la commissure de ses lèvres." Il n'en fallait pas plus à ce jeune homme qui avait déjà dévoré (en allemand) Le Rouge et le Noir pour tomber définitivement amoureux de l'actrice et de la France. Un amour qui, avec le recul, ne devait rien au hasard.

… Depuis une dizaine d'années, Klaus Harpprecht est revenu à son amour de jeunesse. Le fruit de ses recherches vient de paraître sous le titre : Arletty und ihr deutscher Offizier, eine Liebe in Zeiten des Krieges ("Arletty et son officier allemand, un amour en temps de guerre") (éd. S. Fischer). Si la liaison d'Arletty avec Hans Jürgen Soehring, officier de la Luftwaffe, est connue des Français (notamment en raison de la célèbre justification donnée par l'actrice elle-même : "Mon coeur est français, mais mon cul est international", nombre d'Allemands la découvrent grâce à Klaus Harpprecht. Mais au-delà de cette relation, qui a valu à Arletty d'être incarcérée puis placée en résidence surveillée pour "transmission d'informations à l'ennemi", c'est une véritable fresque sur la vie culturelle et artistique sous l'Occupation que l'auteur propose à ses lecteurs. De Jean-Paul Sartre à Sacha Guitry, de Céline à Simone Signoret ou Danielle Darrieux, Klaus Harpprecht dresse une impressionnante galerie de portraits.

… Sous sa plume, Arletty préfigure la révolution sexuelle à venir. Signe que le temps a - heureusement - produit ses effets, Klaus Harpprecht se permet même de juger qu'"à sa façon Arletty était bel et bien une patriote. Elle était fière de la culture française. Elle aimait le pays et ses habitants. Mais elle ne voyait pas pourquoi elle ne devrait aimer que ses compatriotes. Pour elle, les Allemands, qui, dans leur majorité, ne faisaient pas la guerre de leur plein gré, étaient des êtres humains comme les autres".

Les librairies allemandes regorgent de livres sur la seconde guerre mondiale. … Mais rares sont ceux qui se lisent avec un tel plaisir ou qui, à travers les lignes, témoignent d'un tel amour pour la France.

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