Sunday, April 23, 2017

Quelle ironie du sort: sur 11 candidats à l'élection présidentielle, 9 affichent clairement leurs penchants léninistes et leurs programmes marxisants. Sommes-nous en 2017 ou en 1917?

Alors qu'en Amérique, le Communist Party USA compte de plus en plus d'adhérents, Bogdan Calinescu (alias l'essayiste Nicolas Lecaussin, merci à Carine) qui a connu la dictature de Ceausescu en Roumanie, met en garde contre les candidats d'extrême gauche avant le premier tour de l'élection présidentielle en France et l'état marxisant qu'ils souhaitent mettre en place.
Quand je suis arrivé en France au début des années 1990, je pensais avoir laissé derrière moi le cauchemar de l'idéologie communiste. Je pensais ne plus revivre l'atmosphère sombre et pesante de l'époque, la tension et la peur permanentes, les files interminables devant les magasins vides et les pénuries - de la boîte d'allumettes jusqu'au papier hygiénique - et cette sensation terrible qu'on ne s'en sortirait jamais. Je croyais que c'en était fini des deux heures de télé par jour sur la seule chaîne, deux heures consacrées en grande partie au «Conducator bien aimé», le dictateur Ceausescu.

Enfant, je voyais mon père, intellectuel, enseignant la littérature française, prendre d'énormes risques en critiquant le régime et je me rappelle très bien comment, lors d'une perquisition de la police politique chez nous, à 6 heures du matin, il avait réussi à glisser dans mon cartable, avant que je ne parte à l'école, quelques documents «compromettants» qui auraient pu lui coûter cher… En les déposant chez un ami de la famille qui les a brûlés tout de suite, j'avais - déjà, à 13 ans - la satisfaction d'avoir accompli l'acte d'un véritable résistant au régime. Malgré l'ubuesque et l'impitoyable dictature de Ceausescu, j'ai eu la chance de grandir dans une atmosphère francophile, j'ai eu la chance de pouvoir déchiffrer le monde libre, sa littérature, son actualité.

Plus de 25 ans après la chute du communisme, je suis en train de vivre une expérience que je n'aurais jamais pensé retrouver: la France, mon pays de cœur et d'adoption, manifeste une sympathie incorrigible pour les idées communistes que je n'ai cessé de combattre depuis mon enfance! Quelle ironie du sort: en 2017, sur onze candidats à l'élection présidentielle, neuf affichent clairement leurs penchants léninistes et leurs programmes marxisants. Sommes-nous en 2017 ou en 1917?

Je me souviens très bien du moment où la France est devenue pour moi l'objectif à atteindre, l'endroit où je devais absolument vivre. Adolescent, je suis tombé sur ce texte de Rudyard Kipling qui, en 1878, à l'âge de 12 ans, visite Paris avec son père. Il a l'occasion de grimper dans la statue de la Liberté qui n'avait pas encore été envoyée à New York. En regardant de l'intérieur à travers ses yeux, il comprend: «C'était par les yeux de la France que je commençais à voir»… Des années plus tard, en 1922, lors d'un discours à la Royal Society of St. George, ce grand amoureux de la France affirmait: «Les Français représentent le seul autre (avec les Anglais) peuple dans le monde qui compte.»

Néanmoins, l'Angleterre devrait suivre l'exemple de la France… Et Kipling d'énumérer les atouts de notre pays: l'éthique du travail, son économie, la simplicité, l'autodiscipline et la discipline extérieure ainsi que «la vie rude qui fortifie l'être moral». «La France est un exemple pour le monde entier»!

Quel décalage avec la France d'aujourd'hui! Un pays qui fait la couverture des magazines pour son taux de chômage qui bat des records ou pour sa bureaucratie sans équivalent dans les grands pays riches et démocratiques. Un pays dont l'économie étouffe sous la pression d'un État omniprésent et qui voit ses jeunes partir en masse à l'étranger. Un pays qui a envoyé aux oubliettes les vraies valeurs de l'école et les a remplacées par le pédagogisme et la sociologie égalitariste de Pierre Bourdieu ; une école phagocytée par les syndicats de gauche qui n'acceptent aucune réforme et par des enseignants complètement éloignés du monde de l'entreprise. Un pays qui chasse les jeunes, les chefs d'entreprise, les riches et qui n'attire plus les élites. Un pays dirigé par une classe politique en très grande partie déconsidérée et biberonnée à l'étatisme. Un pays où un parti dit d'extrême droite puise son programme dans les idées marxistes et obtient des scores électoraux impressionnants, un pays où plusieurs autres partis et candidats, enfin, se déclarent ouvertement communistes.

Quel est ce pays qui renie ses racines chrétiennes et ses valeurs historiques? Qui a transformé l'antilibéralisme et l'antiaméricanisme en repères moraux? Qui passe son temps à insulter l'Europe et les présidents américains, parfaits boucs émissaires, et dresse des lauriers à des criminels comme Mao, Castro ou Che Guevara? Je me souviendrai toujours de ce que m'avait dit l'intellectuel Philippe Sollers lorsque je lui avais demandé pourquoi il avait été maoïste: «C'était de la poésie», m'avait-il répondu en balayant d'un revers de main sa sympathie pour le plus grand criminel de l'Histoire. Alors, les admirateurs d'Hitler, c'était aussi de la poésie? En France, le socialisme a toujours baigné dans la bienveillance, alors que le libéralisme a toujours souffert d'une présomption d'injustice et de culpabilité.

L'étatisme marxisant bénéficie de la clause de l'idéologie la plus favorisée et c'est ce qui tue la France encore aujourd'hui. D'autres pays s'en sont sortis, en saisissant toutes les bouées de sauvetage que nous, nous repoussons. Souffririons-nous du syndrome de Stockholm à l'échelle nationale? D'une inconscience infantile qui pourrait se révéler lourde de conséquences? Où est la France de mon enfance?

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