Monday, September 28, 2009

France, Sermonizer on Race Relations? Europe? "Un homme me regarde froidement en me lançant : 'J'aime pas les Arabes'"

The only problem with French criticism of alleged American racism and with the donneurs de leçon that are always giving Americans lessons in tolérance and solidarité, is that the deeds of their society, the deeds of the French, do not always — ahem — match their words…

(This, incidentally, brings us back to the main raison d'être of this blog: Not anti-Frenchism, as a number of our detractors are wont to sputter, but "What expats and the mainstream media (French and American alike) fail to notice (or fail to tell you) about French attitudes, principles, values, and official positions…")

A Muslim (or an Arab?) journalist of Le Monde testifies first (leading to the unprecedented reaction of over 450 readers), and he is followed by a Jewish journalist — or, at least, a journalist with a Jewish name

Mustapha Kessous:
Je couvre le Tour de France. Je prépare un article sur ces gens qui peuplent le bord des routes. Sur le bitume mouillé près de Blain (Loire-Atlantique), je m'approche d'une famille surexcitée par le passage de la caravane, pour bavarder. "Je te parle pas, à toi", me jette un jeune homme, la vingtaine. A côté de moi, mon collègue Benoît Hopquin n'a aucun souci à discuter avec cette "France profonde". Il m'avouera plus tard que, lorsque nous nous sommes accrédités, une employée de l'organisation l'a appelé pour savoir si j'étais bien son... chauffeur.

Je pensais que ma "qualité" de journaliste au Monde allait enfin me préserver de mes principaux "défauts" : être un Arabe, avoir la peau trop basanée, être un musulman. Je croyais que ma carte de presse allait me protéger des "crochets" balancés par des gens obsédés par les origines et les apparences. Mais quels que soient le sujet, l'endroit, la population, les préjugés sont poisseux.

J'en parle souvent à mes collègues : ils peinent à me croire lorsque je leur décris cet "apartheid mental", lorsque je leur détaille les petites humiliations éprouvées quand je suis en reportage, ou dans la vie ordinaire. A quoi bon me présenter comme journaliste au Monde, on ne me croit pas. Certains n'hésitent pas à appeler le siège pour signaler qu'"un Mustapha se fait passer pour un journaliste du Monde !"

Ça fait bien longtemps que je ne prononce plus mon prénom lorsque je me présente au téléphone : c'est toujours "M. Kessous". … J'ai dû amputer une partie de mon identité, j'ai dû effacer ce prénom arabe de mes conversations. Dire Mustapha, c'est prendre le risque de voir votre interlocuteur refuser de vous parler. Je me dis parfois que je suis parano, que je me trompe. Mais ça s'est si souvent produit...

Des histoires comme celles-là, j'en aurais tant d'autres à raconter. On dit de moi que je suis d'origine étrangère, un beur, une racaille, un islamiste, un délinquant, un sauvageon, un "beurgeois", un enfant issu de l'immigration... Mais jamais un Français, Français tout court.
This led Le Monde to ask its readers for personal testimony (which only led to another 100 comments):
Refus à l'entrée des discothèques, difficultés à trouver un appartement ou un travail malgré mon diplome d'ingénieur, tout ça je l'ai vécu. Mais le plus pernicieux, le plus écœurant, ce sont toutes ces remarques du quotidien, qui n'ont l'air de choquer personne et qui suscitent le silence dans le meilleur des cas. Un soir, lors d'une fête d'entreprise, on me présente au directeur en tant que nouvelle recrue. Mon responsable donne mon nom à consonance arabe et s'empresse de préciser : "mais ne vous inquiétez pas, c'est quelqu'un de bien."
Then, Le Monde's Léon-Marc Levy joins the debate:
Je ne crois pas que … la haine du Juif soit moindre que la haine de l'Arabe. Loin s'en faut. Et, dans tous les cas, quel sens aurait une "hiérarchie des phobies", un "Palmarès des haines" ? Il faudrait plutôt chercher du côté du tabou. "Je n'aime pas les Arabes" est une déclaration beaucoup plus imaginable aujourd'hui que "je n'aime pas les Juifs".

…Mon propos, c'est le nom qui tue. Le nom sans homme. Le nom propre qui devient nom commun pour charrier la haine collective de l'Autre. M. Arabe Kessous. M. Léon-Marc Juif. … Le nom-sans-homme le fait basculer du côté des victimes de la haine. C'est que la haine raciale ne porte pas sur des individus en tant qu'individus. Elle porte sur une entité haïe. Tout le monde a entendu la pitoyable "défense" : "Mais je ne suis pas antisémite, d'ailleurs j'ai des amis Juifs". Ca marche aussi, bien sûr, avec les "amis Arabes, Noirs, Asiatiques..." Et alors ? Qu'est-ce que ça prouve ?

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